Sur une proposition de Léa Drouet et de Camille Louis, l’atelier 210 continue cette année l'« École Expérimentale » une école partant des expériences plus que des expertises et invitant des personnes dont on a l’habitude de faire des "objets d’étude" (les dites « minorités », « la jeunesse », « l’enfance », « les personnes âgées »….) à prendre leur place de sujets détenteurs de savoirs singuliers et en capacité de les transmettre, de les enseigner différemment. 

Lutte de genre, lutte de classes, lutte de races (en lien avec En finir avec Eddy Bellegueule) 

Comment habiter une identité sans y être assigné ? Comment tordre les mécanismes d'identification pour œuvrer à des processus de singularisation fins et complexes à la fois ? Comment, sans nier ses origines (culturelles, géographiques, religieuses…) voire même en se battant pour qu'elles soient reconnues et valorisées, ne pas se contenter de les fétichiser mais parvenir à les travailler, les hybrider, les innerver de questions nouvelles qui vont avec les mondes pluriels qui s'inventent au présent ? Et comment, se faisant, et à la manière dont le fait notamment l'adaptation théâtrale de « Pour en finir avec Eddy Bellegueule », faire vriller les représentations qui excluent d'emblée tel groupe sujet de tel type de lutte pensant notamment que les milieux les plus précaires, les groupes de personnes racisées, les individus attachés à leur religion... ne seraient pas traversées par des questions de sexualité, de genre, de lutte politique et esthétique pour l'émancipation ?

Ce sont toutes ces questions que nous travaillerons dans ce nouveau weekend de l'école expérimentale qui aura comme enseignantes les deux co-fondatrices de la plateforme Imazi.Reine: Fatima-Zohra Ait El Maâti et Yousra Mezahi. Elles nous accueilleront tout le weekend dans leurs locaux à Molenbeek afin de nous présenter le combat et les actions qu'elles mènent pour que leur identité musulmane et Amazigh (dite « Berbère ») – classées dans ce vaste champ des « minorités » et de fait confrontée au racisme et à l'islamophobie - aient aussi une place et un droit de cité au sein du mouvement féministe et des luttes de genre.

Programme du week-end
Samedi de 11:00 à 18:00 (incluant une pause lunch)

Les présentations – entre participant.e.s et enseignantes expérimentales – se feront le matin sous la forme d'une discussion autour du documentaire « My Grandmother Is Not A Feminist » réalisé par  Fatima-Zohra Ait El Maâti. Puis après une pause déjeuner, Fatima et Yousra nous inviteront à un atelier visant, par la pratique et les différents media de la création – graphisme, jeu, images, écriture... - à œuvrer singulièrement et collectivement à des présentations capables de barrer le RE de RE-présentation et, par là, d'exploser les bornes des identifications préposées.

Le soir, les participant.e.s le souhaitant pourront nous accompagner jusqu'à l'atelier 210 pour assister à la pièce « En finir avec Eddy Bellegueule ».

Dimanche de 14:30 à 17:00
Pour ce temps cher à l'école dédié aux retours sur expériences, aux prolongements des questions et surtout aux créations d'alliances qui peuvent et doivent durer !

Plus d'informations sur Imazi.Reine

La plateforme Imazi.Reine est une exploration artistique, naviguant sur des thèmes tels que le féminisme, la sexualité, l'indéfinition et l'autodétermination depuis 2019. Dans les limites de la langue, de la haine en ligne et des sensibilités politiques, leur objectif principal a été fixé sur la construction de la communauté (en ligne et hors ligne). Bien qu'initialement conçu comme une plateforme éducative en ligne, des campagnes telles que Hijabis Fight Back ou la revalorisation de l'héritage nord-africain à travers des concerts, des projections de films et plus encore, l'ont étendu à l'espace physique et public.

À travers une optique intersectionnelle et des pratiques artistiques, ses membres actifs et ses participants réévaluent leur place dans le mouvement féministe, lorsqu'ils sont confrontés au racisme, à l'islamophobie, à l'amazighophobie, ... en son sein.
Sous la devise "Radicalement Inclusif", ils ont joué un rôle actif dans la lutte contre le manque de nuance dans le débat actuel sur la diversité et l'inclusion dans les arts.

Porté par Fatima-Zohra Ait El Maâti et Yousra Mezahi, Imazi.Reine développe ses activités autour de 3 axes :
L'organisation d'événements artistiques et de réseautage, avec un focus sur le public, les artistes et les pratiques artistiques de la diaspora maghrébine.
Le développement d'outils audiovisuels à destination de la jeunesse bruxelloise.
L'accueil des victimes d'abus sexuels (abusés dans des contextes intra-communautaires), et leur réorientation vers des professionnels de la santé mentale et sexuelle adéquats.